VIGILANCE
de Benjamin Hollander
traduction de l'américain par Frank Smith, avec Guy Bennett et Françoise Valéry
éditions de l'Attente
O∙no∙me
est-ce que tu sais qu’on fait
de la prémonition, de l’intuition
de suprêmes fictions (Mallarmé l’a dit
à moi) et à moi ça a été dit dans le dessin du monde
il y a un signe pour chaque occasion et celui-ci est se trouve être en toi
pour tout l’être-jeté qu’il y a d’être
celui-là
Écoutez, Lieutenant. Laissez tomber celui-là — juste cette fois — je sais que vous pouvez — mettre fin à la terreur par la contre-terreur, je les ai vus le faire et, je sais que vous pouvez — le jeter en prison et dire que c’est la loi mais je n’ai pas besoin que cela se retire du bien qui n’a pas encore été perdu pour moi
Un lieutenant de police rencontre un certain nombre de suspects potentiels et de témoins autour de mystérieuses scènes de crime, et tous sont pris dans le tourbillon de l’être et de la mise à nu dans le droit-fil de la pensée du philosophe Emmanuel Levinas. Entre interrogatoire et réflexion politico-philosophique, un rythme syncopé entraîne le lecteur dans une expérience de l’altérité qui atteint jusqu’au langage, questionnant les notions de droit et de raison. Le livre se termine sur un entretien avec John Sakkis, poète et ami de l’auteur, dans lequel ce dernier expose ses motivations et la manière dont il a travaillé pour écrire ce livre.
Titre original : Vigilance, Beyond Baroque Books, sous la direction de Fred Dewey, Los Angeles, États-Unis d’Amérique, 2005
Parution : 14 novembre 2022 dans la collection « Ré/velles »
ISBN : 978-2-493426-07-9
Taille : 13,00 x 19,00 cm
Pages : 194
Prix: 16,00 €
Ouvrage traduit avec le soutien du Centre national du livre
À propos de l’auteur
Benjamin Hollander, est né à Haïfa, en Israël, en 1952. Il est décédé à San Francisco en 2016. Ses parents étaient tous deux réfugiés d’Allemagne. Il a immigré à New York en 1958 avec sa famille et en 1978, s’est installé à San Francisco avec son épouse. Il a enseigné l’anglais, l’écriture et la pensée critique principalement au Chabot College, à Hayward, en Californie, revisitant la littérature sur l’Holocauste et étendant ce terme à la guerre contre les musulmans de Bosnie.
Presse
Jean-Philippe Cazier dans DIACRITIK :
Penser que pour Benjamin Hollander le langage ne peut dire un réel qui serait par ailleurs et par lui-même formé, soudé, clair, reviendrait à simplement reprendre un cliché déjà dit mille fois (ainsi que son fond théologique). Dans l’écriture d’Hollander, il s’agit sans doute d’un point de vue plus radical : c’est le réel qui n’est plus pensé comme un ordre donné et structuré, comme un cosmos que le langage ne pourrait rejoindre ; au contraire, si l’écriture d’Hollander s’effrite et balbutie, devient rumeur, c’est parce que le monde n’est plus un cosmos, que le réel s’est désagrégé, que l’évidence des faits est troublée par un brouillard qui recouvre le monde et nous-mêmes. L’écriture de Benjamin Hollander est le langage de ce monde, face à ce monde qui est le nôtre, celui qui définirait notre époque autant que nos subjectivités sidérées.