ADIEU AU SONNET

 

 

 

14 actions avec des signes

 

 

 

(août 2013)

 

 

 

 

Une série de surfaces poétiques découpées dans la forme sonnet, qui portent leurs questionnements comme un tout ouvert, une partition de crêtes, un ensemble de plaques en mouvement, de molarités accusant à leurs bords l'étanchéité des langues voisines. Elles se constituent l'une par l'autre, se répètent l'une dans l'autre, parcellaires et lacunaires, d'où le monde recommence. Réfléchissantes et lisses, elles veulent fonctionner et s'organiser sans port ni rade ni lagune ni gué – une suite vide qui va sa vie de langue. Des sonnets objectivistes quant à l'usage de la langue.

 

 

 

 

 

 

 

 

I

 

 

 

IL Y A QUATRE PERSONNES

 

 

 

 

Il y a quatre personnes dans cette pièce

 

Il n'est pas dit quels hommes quelles femmes ce sont

 

Il n'est pas dit quelles personnes ce sont

 

Cela est tout à fait inessentiel

 

 

 

Il y a quatre personnes dans une pièce

 

Tous les hommes toutes les femmes seraient semblables imaginerait-on

 

Semblables les uns aux autres sauf

 

Dissemblables par le lieu où ils sont se trouvent

 

 

 

En ce qui les concerne

 

Qu'est-ce qui compte

 

Ces quatre personnes dans cette pièce

 

 

 

Elles ont le caractère humain en un endroit donné une situation partagée

 

Un point précis de l'espace où je suis moi aussi

 

Toute indétermination serait levée maintenant

 

 

 

 

 

 

 

 

II

 

 

 

DANS CE QUE JE COMPRENDS

 

 

 

 

Dans ce que je comprends

 

Disparaît alors comment j'y suis parvenu

 

À comprendre la façon dont j'y suis arrivé

 

Une construction où la structure est vue clairement

 

 

 

Là où une connexion est connue

 

Qui n'était pas connue auparavant

 

Il n'y avait pas antérieurement une place libre

 

Il avait une incomplétude

 

Elle est maintenant comblée

 

 

 

Tout est là

 

Tout à fait analogue

 

Une totalité de spires

 

 

 

Est-ce trop demander alors

 

Le déroulement de la spirale

 

Quand bien même je ne saisis pas l'édifice

 

 

 

 

 

 

 

 

III

 

 

 

UN NOUVEAU CHEMIN

 

 

 

 

Un nouveau chemin constitue-t-il un nouveau monde

 

Je pars en expédition polaire

 

C'est seulement dans mon langage parlé

 

Que je pars, qu'il y a de l'aventure

 

 

 

Il n'y a pas à poser la question de savoir combien de chemins il y a

 

C'est quelque chose d'essentiel pour l'application en cours

 

Ce sont des propositions de la syntaxe

 

L'articulation des chemins vers la zone polaire

 

 

 

Comment le vérifier

 

La preuve je ne peux pas la supposer

 

Le système polaire il n'est pas dans un espace

 

 

 

(Ce-qui-revient-à-dire)

 

 

 

Je cherche à réduire le nombre de constantes

 

C'est la surface immédiatement visible

 

Le corps de preuve à la surface polaire du monde

 

 

 

 

 

 

 

 

IV

 

 

 

JE PENSE À UN OBJET

 

 

 

 

Je pense à un objet comme un coup de tonnerre

 

Je pense à un objet comme l'apparition simultanée du soleil et de la lune

 

Je pense à un objet comme l'intersection d'une droite et d'un cercle

 

Quels exemples servent pour quels cas

 

 

 

Il est possible encore que nécessaire

 

Il faut que je le calcule

 

Quelle solution a cette équation

 

A-t-elle une équation

 

 

 

Je pense à un objet comme le plus haut point d'une courbe

 

Je pense à un objet comme le plus haut parmi tous les points de la courbe

 

Je pense à un objet comme une bille rouge qui n'est pas une boîte

 

Quels cas servent pour quels exemples

 

 

 

Il est nécessaire encore que possible

 

Il faut que je l'obtienne à partir d'une loi

 

Quelle équation a cette solution

 

A-t-elle une solution

 

 

 

 

 

 

 

 

V

 

 

 

À QUEL RANG

 

 

 

 

À quel rang la différence va paraître au grand jour

 

Il y a quelque chose à quoi nous achoppons toujours

 

Je vois bien une loi dans la consigne

 

Non dans les règles qui en découlent

 

 

 

La loi est ainsi faite qu'elle se referme comme un piège

 

Lorsqu'elle en vient à coïncider avec la position que j'occupe

 

Puis-je en appeler à une situation qui peut rester stationnaire à un point fixe

 

Ce n'est pas une méthode que poursuivre un développement jusque dans l'indéterminé

 

 

 

Même si ce développement mène à un résultant probant

 

On essaie au petit bonheur la chance de décider de la chose

 

De décider de tout

 

 

 

On veut avoir un ordre de grandeur de cette distance

 

On en est au moins éloigné de tel intervalle

 

Et par le biais de l'extension

 

 

 

 

 

 

 

 

VI

 

 

 

JE MESURE

 

 

 

 

Je mesure un terrain marécageux dans l'espace visuel

 

Ce que je compte c'est réellement le nombre que je vois

 

Les mots n'ont de sens que relatif mais ils n'en sont pas moins nécessaires

 

Ils caractérisent la nature de mon expérience boueuse

 

 

 

Je délimite un terrain marécageux par un mur

 

Il y a égalité de longueur pour un nombre inégal de parties boueuses

 

Je le vois je ne vois pas seulement quelque chose qui lui serait semblable

 

Un terrain marécageux approché un terrain marécageux exact

 

 

 

Il y a un manque de netteté

 

Il y a des taches de couleur à proximité des bords

 

Le mur ses frontières

 

 

 

Il y a un flou un non-clair ce sont des expression relatives

 

Je vois un terrain marécageux encore

 

Je ne peux jamais savoir s'il l'est

 

 

 

 

 

 

 

 

VII

 

 

 

EST-CE QU'À NOUVEAU

 

 

 

 

Est-ce qu'à nouveau le soleil se lèvera demain

 

L'attente est là qui doit maintenant avoir un sens

 

Il faut qu'on puisse la comparer avec l'état actuel

 

Combien de témoignages de preuves sont nécessaires

 

 

 

Attente qu'une règle jusqu'alors observée va encore jouer

 

Attente que les choses vont continuer de cette façon

 

La confirmation n'est jamais achevée

 

Est-ce qu'à nouveau le soleil se lèvera demain

 

 

 

Je construis des propositions des balbutiements

 

Je crois à la régularité du retour de la même forme dans ce qui arrive

 

Il est tout aussi vraisemblable que je tire pile ou face

 

 

 

C'est seulement du fragment que l'on voit réellement

 

On n'invoque jamais que des arguments tirés du passé

 

Cela va probablement se produire

 

 

 

 

 

 

 

 

VIII

 

 

 

EST-CE QUE LA TACHE

 

 

 

 

Est-ce que la tache plus petite est plus simple que la plus grande

 

Aussi longtemps qu'on peut prévoir

 

Différents types de constructions

 

Il n'en est pas autrement dans l'espace plein

 

 

 

Est-ce qu'il y a une relation entre une couleur et un lieu

 

Les éléments communs ne sont pas interchangeables

 

Le mot égal prend des allures contradictoires

 

Ne renonce pas à l'hypothèse

 

 

 

Puis-je être sûr du nombre que je vois

 

Oui et au-delà non

 

La tache elle est combinée de petites taches d'une autre couleur

 

 

 

Il y a un lieu absolu il y a des positions il y a des directions

 

Je ne peux pas les distinguer il y a aussi du mouvement

 

La tache reste toujours au même point fixe

 

 

 

 

 

 

 

 

IX

 

 

 

LE COURANT DE LA VIE

 

 

 

 

Le courant de la vie s'écoule le courant du monde

 

Je ne vois que du noir je dis que ce n'est pas rouge

 

Comment je sais que je ne dis pas un non-sens

 

Comment je sais que cela peut être noir un noir vu

 

 

 

Comment dans la grammaire exprimer ces différentes directions

 

À une question correspond toujours une méthode de la découverte

 

J'apprends à mesurer en général

 

Si je ne connais pas le rouge est-ce que je peux voir le rouge

 

 

 

Le souvenir doit être dans un espace

 

La réalité doit être dans un espace

 

La représentation et la réalité sont dans un même espace

 

 

 

Un langage se sert d'un système de coordonnées

 

Rien ne nous frappe lorsque nous regardons autour de nous

 

Les propositions se vérifient dans l'instant cette phrase noire

 

 

 

 

 

 

 

 

IX

 

 

 

À L'ORIGINE

 

 

 

 

À l'origine de la possibilité d'expliquer les choses

 

Il y a le fait qu'on emploie le langage toi comme moi

 

À l'origine de la volonté d'expliciter les choses

 

Il y a une expérimentation de pensée une considération grammaticale

 

 

 

À l'origine de la possibilité d'expliquer les choses

 

Il y a un assemblage de mots qui font sens pour tout le monde

 

À l'origine de la volonté d'expliciter les choses

 

Il y a défaire les nœuds introduits de façon insensée

 

 

 

On ne peut aller outre la possibilité de l'évidence

 

Sortir du langage avec le langage

 

Sinon tu comprends par ces mots autre chose que moi

 

 

 

On ne peut pas ne pas connaître les roues qui tournent à vide

 

Entrer dans le langage sans le langage

 

Sinon on se parle toi et moi sans même penser

 

 

 

 

 

 

 

 

X

 

 

 

ON PREND DES PROPOSITIONS AU HASARD

 

 

 

 

On prend des propositions au hasard pour construire des modèles

 

Leurs caractères deviennent encore plus nets

 

On peut savoir qu'on peut les montrer

 

On peut reconnaître si on les voit

 

 

 

J'aimerais pouvoir dire à quoi bon ces dispositions

 

Elles n'ont de signification que si elles trouvent une utilisation

 

J'attends le mal de tête si j'ai reçu un coup dessus

 

Le sens d'un mot est sa finalité j'aimerais pouvoir le dire aussi

 

 

 

Quand survient ce qui comble mon attente

 

Est-ce que cela a un sens de demander si c'est l'événement attendu

 

Il faut toujours qu'il y ait quelque chose d'immédiatement reconnu

 

 

 

De la même source ne coule que de l'eau

 

Il n'y a pas modification de la façon de comprendre

 

Et il est bon qu'au plus vite nous nous retirions

 

 

 

 

 

 

 

 

XI

 

 

 

JE DESSINE UN PLAN

 

 

 

 

Je dessine un plan d'après une description

 

Je traduis la description dans le plan

 

Aucun trouble en aucun point quelconque

 

Je contiens l'élément de mon intention

 

 

 

Aucune hypothèse sur le fonctionnement des choses

 

L'expérience décidera du vrai ou du faux

 

Elle ne décidera pas du sens

 

En faveur de quoi décider

 

 

 

Il ne reste rien d'autre à faire

 

Que de le dire

 

Il y a un moment où se fait le saut du signe

 

 

 

Il ne reste rien d'autre à faire

 

Que de donner un signe supplémentaire

 

Ce qui va se produire est ce qui s'est déjà produit

 

 

 

 

 

 

 

 

XII

 

 

 

JE M'ATTENDS

 

 

 

 

Je m'attends à ce que gris devienne plus foncé gris foncé

 

Quelle différence entre gris clair et gris plus foncé

 

Quelle référence qui va du blanc au noir

 

Est-ce que les différentes directions en font part

 

 

 

Je pars d'un point je pars d'un point gris

 

Comment puis-je voir en lui les deux directions

 

Il faudrait bien que j'en sois capable

 

Il faudrait bien que je sache dans quelle direction aboutir

 

 

 

À une situation donnée

 

À une limite définie

 

À un lieu déterminé

 

 

 

Je ne peux chercher que dans un espace

 

Le gris le blanc le noir le gris clair le gris foncé

 

Là j'ai une relation avec là où je ne suis pas

 

 

 

 

 

 

 

 

 

XIII

 

 

 

COMMENT PARLER DU MONDE

 

 

 

 

Comment parler du monde

 

Si un corps a une longueur

 

Y a-t-il un corps sans longueur

 

Y a-t-il une longueur sans corps

 

 

 

Rien ne nous frappe quand nous regardons autour de nous

 

Nous n'y réfléchissons jamais

 

Comment on se déplace dans l'espace

 

Comment on sent son corps

 

 

 

Je ne sais pas si

 

La vie va de soi

 

Le donné va de soi

 

 

 

Je mets dans ma poche

 

La règle le corps

 

Pas la longueur

 

 

 

 

 

 

 

 

XIV

 

 

 

SI JE NE LE VOIS PAS

 

 

 

 

Si je ne le vois pas le ciel existe-t-il encore

 

Personne ne l'a pris personne ne l'a détruit

 

Le ciel jette sur nous un éclairage immédiat

 

Et personne ne se satisfait de ses réponses

 

 

On se comporte comme s'il était là

 

Il y a du ciel plein le ciel

 

Il a pour centre n'importe quoi

 

Maintenant je vois le ciel rouge

 

 

C'est incomparable un matériel de propositions

 

Ça ne peut représenter rien d'autre

 

C'est particulièrement adéquat

 

 

Cela concorde du point de vue de la luminosité

 

Du point de vue de la saturation

 

Et la tête le ciel s'inclinent de la même façon

 

 

 

 

 

 

 

XV

 

 

 

UN AUTRE MOT

 

 

 


Un autre mot encore peut-il se mettre à sa place


Où en est-elle la multiplicité du sentiment


Y a-t-il des douleurs qui n'appartiennent à personne


Doit-on parler de courant pour l'électricité



Ce serait une description de la vie


Jusque-là l'affaire va parfaitement bien


Je fais marcher le mécanisme à l'aide d'une manivelle


On ne peut pas commencer avant le commencement



Cela n'a pas de place dans le temps


Je ne peux pas savoir n'a de sens


Que si je peux savoir



Cela n'a pas de forme dans le temps


Je peux savoir n'a de sens


Que si la chose peut encore se mettre à sa place

 

 

 

 

 

 

 

 

XVI

 

 

 

 

 

QUE SE PASSE-T-IL

 

 

 

 

 

Que se passe-t-il je ferme les yeux

 

Je ne cesse pas de voir je ferme les yeux

 

Est-ce qu'il en va comme une espèce de rêve

 

Quelque chose ne colle pas

 

 

 

La position de mon corps s'attache à des sentiments

 

Ils sont localisés dans tout le corps

 

Pas attaché à quelque chose de visuel

 

L'espace derrière moi je me retourne pour le voir

 

 

 

Des éclaircissements sur la réalité

 

Des éclaircissements qui concernent l'objet

 

Il y a un œil qui m'appartient

 

 

 

Des éclaircissements sur une situation

 

Des éclaircissements qui concernent l'espace

 

Il y a un œil qui ne m'appartient pas

 

 

 

 

 

 

 

 

XVII

 

 

 

ICI ET MAINTENANT

 

 

 

 

 

Ici et maintenant c'est rouge ce n'est pas vert

 

Il n'y a pas la place pour une autre couleur

 

Rouge et vert passent à côté l'un de l'autre

 

Et pendant un laps de temps une tache est rouge et verte

 

 

 

Une tache est noire est-ce que je vois le blanc à l'intérieur

 

Une tache a une teinte invisible une teinte cachée

 

Le blanc recouvre le noir ou

 

Le noir recouvre le blanc

 

 

 

On fait des propositions déterminées

 

Les propositions se cognent à l'objet

 

Le sens implique le sens la forme la forme

 

 

 

On fait des propositions indéterminées

 

Les propositions ne se cognent pas à l'objet

 

Ce sont là des choses des couleurs qui vont de soi

 

 

 

 

 

 

 

 

XVIII

 

 

 

 

OÙ CHERCHER

 

 

 

 

 

 


Où chercher après le rêve


Je n'ai pas rêvé cette nuit


Ai-je tout de même ressenti quelque chose


Disons la faible indication d'un rêve



Où chercher le mal au bras


Je n'ai pas mal au bras


Ai-je tout de même une sorte d'ombre


Un sentiment qui dit la non-douleur



Où le rêve sa conscience


Où la douleur son enfermement


Des signes qui laissent des possibilités ouvertes



Je ne sais pas comment dire


Comment faire dire


Quand la douleur le rêve n'apparaissent pas

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

XIX

 

 

 

 

 

QUELQUE CHOSE A ÉTÉ

 

 

 

 

 


Quelque chose a été laissé de côté


Il y a dans le fait pour ainsi dire une lacune


Un ciel où les astres n'auraient pas été peints


Un tableau incomplet



Qu'est-ce que l'image donne à voir


La proposition à comprendre


Je ne laisse rien à cette place


Où il manque quelque chose



La couleur en chaque endroit


La constance en chaque espace


Je ne peux pas les penser seul



La description en chaque objet


La forme en chaque expérience


On ne peut pas les penser seul