Fin de mots © Frank Smith
Fin de mots © Frank Smith


LE SENS DE LA PEINE
5 février – 28 mai 2016

 


Céline Cadaureille, James Casebere, Nicolas Daubanes, mounir fatmi, Abdul Rahman Katanani, Ali Kazma, Rachel Labastie, Joanna Malinowska, Maro Michalakakos, Jean- Michel Pancin, Jhafis Quintero, Frank Smith, Laure Tixier.

 

Commissaire de l’exposition : Barbara Polla.

 

La Terrasse : espace d'art de Nanterre

 

 

 

 

Pour « Le Sens de la Peine », Frank Smith a réalisé une vidéo dont on ne sort pas indemne, si tant est qu’on peut « entrer » et « sortir » d’une oeuvre d’art.

Quel est le sens de la peine quand celle-ci aboutit à l’exécution capitale ? Il n’y en a aucun, puisque la peine de mort annihile toute confiance en l’homme, en l’humanité : l’homme exécute l’homme parce qu’il considère que l’homme (et non pas seulement cet homme-là, en réalité) n’a plus de valeur, ne contient aucune parcelle d’espoir, aucun avenir possible qui ne soit meurtrier.

Je réfute absolument cette issue qui n’en est pas une, cette issue sans issue, pour personne. Et je remercie Frank Smith d’avoir, avec l’humanité aiguë qui est la sienne, réalisé, pour « Le Sens de la Peine », cette vidéo qu’il faut entendre autant que voir.

La voix douce du poète nous fait écouter les mots de fin de seize condamnés à mort. La voix douce du poète est terrible. Elle nous tord le coeur, en nous contant ce qu’ils ont dit, avant l’EXECUTION. Un mélange de confessions et de dénis, pour bien nous faire comprendre que la culpabilité, à ce moment-là, n’a plus vraiment d’importance : coupable ou non, c’est désormais ceux qui acceptent d’appliquer la peine de mort qui sont coupables. Non pas les bourreaux seulement : ils sont humains comme nous, nous sommes comme eux.

Dans un autre texte en cours d’écriture, Frank Smith dit d’ailleurs : «  Le courageux est courageux, le lâche est lâche et nous, nous restons sur la place. » 

Ce qui est terrible, encore, dans l’oeuvre de Frank Smith, c’est que les textes qu’il nous lit sont beaux. Ils ont poétiques. La poésie parle de disparition, de l’impossible vie. Là plus que jamais. Mais la beauté des textes nous met plus encore face à nous-mêmes et nos impuissances, comme le font aussi les peintures de la syrienne Sara Shamma ( http://www.sarashamma.com/painting/2014.html, http://www.sarashamma.com/painting/2015.html).

Mais Frank Smith est aussi un poète de l’espoir. Fin de mots, mais la vie. Et sur la vidéo, à côté des paroles des condamnés, on voit des cellules, en culture. Des cellules vivantes, qui se meuvent, délicatement. La vie a toujours le dernier mot.

 

Barbra Polla